07/09/2013
Qui veut la peau des Etats-nations ?
- le casino financier
et ses comparses (pour qui "l'adversaire c'est l'Etat "),
- l'eurocratie,
dénoncée par Marcel Gauchet dans la revue Au fait...
Extraits :
(les passages mis en gras le sont par nous)
<< ...Les mécanismes de
la démocratie semblent être
devenus gênants pour
beaucoup d’acteurs publics.
Ils préfèrent confier le
pouvoir à des personnalités
qui ne sont pas élues,
à l’instar des responsables
des instances européennes.
Faut-il parler de « crise de la
démocratie » ?
« De quoi s’agit-il ? Pas de l’instauration d’une
dictature mais du règne d’une oligarchie qui
tend à s’affranchir des mécanismes démocratiques
au nom de la bonne gouvernance économique.
À cet égard, la crise actuelle crée un
effet de brouillage dont il faut avoir conscience
quand on évoque une « crise de la démocratie ».
C’est une notion qu’il convient de relativiser.
Car il s’agit surtout d’un problème européen.
Si les États-Unis, par exemple, ont de gros problèmes,
si leur système politique fonctionne mal,
on ne peut pas parler d’une crise de la démocratie
américaine au sens de ce qui se passe
dans l’espace européen. Il y a bien en revanche,
une crise de la démocratie en Europe, combinée
avec une crise de la construction européenne.
Elle affecte toutes les démocraties
nationales en même temps que la construction
européenne, même si elle est ressentie
différemment selon les pays. »
La politique est-elle
devenue impuissante,
incapable de répondre
aux aspirations des
populations ?
« Il s’agit d’une impuissance fabriquée et,
d’une certaine manière, souhaitée par certains
acteurs de la construction européenne dont la
philosophie sous-jacente est de vider les appareils
politiques nationaux de toute substance.
Ceux-ci voudraient construire un espace politique
non seulement post-national mais aussi
post-étatique. C’est-à-dire un espace où la
“ gouvernance ”, par un mélange de droit et de
régulation économique, aurait remplacé l’action
de gouvernements élus, toujours soupçonnés
d’arbitraire et d’inefficacité. Les arguments
juridiques et économiques constituent
le fonds de sauce européiste dans lequel nous
nous sommes enlisés... >>
10:55 Publié dans Europe, Idées | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : europe, libéralisme, etat
Commentaires
À DIRE SUR UN TON SUPERIEUR
> mais non voyons !
la nation c'est du passé donc l'Etat aussi.
D'ailleurs qui déclare les guerre ? les Etats !
donc en supprimant les Etats, on supprime la guerre !
la guerre civile ?
ah là là ! "vous-devriez-faire-confiance-à-l'homme"
La nation, c'est o-ption-nel ! on s'y sent lié si l'on veut.
C'est un simple héritage culturel
La culture ça passe et maintenant c'est le globish.
D'ailleurs je ne vous pas un seul extrait de l'Evangile où l'on parle de l'Etat par lequel une nation s'organise*
Les seuls liens de solidarité qui comptent sont ceux qu'on choisit si l'on veut.
En aucun cas, faire partie d'un groupe n'est un fait et encore moins un but.
Voyons !
seuls comptent les contrats d'intérêts passés entre individus.
* à dire sur un ton supérieur.
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Écrit par : E Levavasseur / | 07/09/2013
PERLES
> deux citations :
"les Européens doivent servir l'euro"
"les Français doivent se détacher de leurs vieilles habitudes latines, leur atavisme catholique de méfiance envers les nouveautés, ils doivent changer de culture pour se tourner vers l'avenir et la compétition".
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Écrit par : E Levavasseur / | 07/09/2013
AMBIGU
> Marcel Gauchet parle d'« impuissance fabriquée »; autrement dit, les Etats contemporains ne sont pas si « faibles » que le prétendent nos politiques. Pour « fabriquer » une telle impuissance, il faut bien le pouvoir.
C'est toute l'ambiguïté de l'Etat-nation contemporain, que nous expérimentons douloureusement : faible, dépourvu de souveraineté réelle, et de stratégie politique qui lui soit propre, il n'en fait pas moins ressentir aux citoyens l'extension croissante de sa puissance - bien plus étendue, paradoxalement, que ne l'était celle des Etats du XIXe siècle. Et cette puissance est d'autant plus implacable qu'elle n'est plus régulée par le bien commun. Le profit des multinationales, le souci de leurs intérêts particuliers sont désormais sa boussole. Que ce soient le "mariage pour tous", les OGM, l'extraction du gaz de schiste, nous retrouvons la même combinaison indémêlable des puissances d'argent et du pouvoir d'Etat.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 07/09/2013
@ Blaise Join-Lambert
> Bien vu!
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Écrit par : Pierre Huet / | 07/09/2013
LOGIQUE
> C'est logique comme évolution : depuis combien de temps nos ministres ne sont ils pas que de simples gestionnaires de portefeuilles ?
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Écrit par : Gégé / | 08/09/2013
DEMOCRATIE AMERICAINE ?
> Je serai plus sceptique sur le fonctionnement de la démocratie américaine, que je crois aussi atteinte que la nôtre. Je recommande à cet égard la lecture très éclairante de "Une caste américaine", de John R. MacArthur, aux éditions Les Arènes. Lui n'hésite absolument pas, avec des arguments solides, à décrire également un monde politique américain totalement inféodé à des pouvoirs économiques évidemment non élus et complètement apatrides dans leurs intérêts.
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Écrit par : Christian / | 09/09/2013
MESSIANISME ATHEE
> Les Jacobins pensaient à juste titre qu'on ne doit détruire que ce qu'on peut remplacer. Ainsi ont-ils voulu faire de l'Eglise, de l'aristocratie et de la monarchie. On y a gagné un messianisme athée et particulièrement intolérant paré du masque de la vertu (la laïcité est bien commode et très dévoyée, surtout dans la bouche de Vincent Peillon, hélas), une oligarchie et un semblant de "chose publique". Deux cents ans après 1789 hélas ils n'ont rien oublié ni rien appris ceux-là même qui se prétendent les héritiers de nos libérateurs. L'exemple de la Manif pour tous-Mariage pour tous est en fait très utile pour réveiller les consciences de tous horizons. Perso, j'aime beaucoup "Le complexe d'Astérix", par Alain Duhamel. Avec 30 ans de décalage, il est toujours criant d'actualité, et si vous songez que des personnalités politiques parlent sans fard des règles du JEU démocratique, vous comprenez bien que nous sommes peu de choses dans un vaste cirque dont nous ne faisons que soupçonner la mécanique et présentir le cynisme. D'où mon ire à l'aube de nouvelles élections locales à l'encontre de "camarades-très-chrétiens-UMP" d'une part, et d'opposants coalisés gauchisants, qui veulent nous rejouer la Sainte Ligue contre la Réforme, sauce Mitterrand, à la mode Hollande (qui, au mépris d'Etat sarkozien ajoute l'insulte publique d'Etat à caractère discriminatoire), et au milieu l'épouvantail des "bonnes consciences, Marine Le Pen, qui permettra au cri de "La République en danger" de rallier encore une fois autour des "très républicains" UMp et PS les électeurs-dindons-de-la-farce. Mais je ne pense pas qu'on ait encore touché le fond. Nos élites peuvent certainement mieux faire encore, après tout nous sommes au pays de la haute cuisine. Pour finir, une dernière courte remarque: la Nation est l'expression de l'unité dans la diversité, et vu qu'il faut diviser pour régner et mieux nous plumer, il n'y a plus qu'à sortir peu à peu la multitude de ce sentiment ringard d'appartenance à la communauté de rêve forgée par l'Histoire. Au secours! Astérix ! 1-Ils ont perdu la recette de la potion magique. Ou 2-Ils sont devenus fous.
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Écrit par : christ hope / | 09/09/2013
@ christ hope
> Oui, c'est de ce messianisme athée que date le choix résolu d'une histoire de France insistant sur et commençant par Vercingétorix, "nos ancêtres les gaulois"etc
le but était de faire remonter "la nation phare du monde" à avant Jésus Christ ... (la France c'est plus ancien qu'Israël... tsoin-tsoin ...) et de lui donner comme point de départ un personnage mythique Vercingétorix, qui se sacrifie pour sauver son peuple (ça rappelle qqchose, non ?)
Toute l'histoire de France est orientée de façon à montrer que la révolution est un aboutissement qui est fait pour s'épanouir ds le monde.
La république messianique ; tout cela est aussi en France une des origines du colonialisme : éloigner l'armée et l'occuper, donner à la république un souffle d'épopée...
Toute cette histoire est rédigée pr dénigrer ce qui n'est pas la république : on insiste sur les défaites sous l'Ancien Régime, notamment celles dues à la noblesse (Azincourt) : de là date le fait que les Français connaissent plus leurs défaites que leurs victoires.
Fin 18e, Sieyès avait écrit un livre ridicule où il exposait que l'aristocratie était composée de descendants des Francs, compagnons de Clovis et donc des étrangers au sein de la nation française qui elle descedait des gallo-romains...
D'où l'usage du mot "patriote" pour désigner les révolutionnaires et la déformation de la notion de patrie présentée comme guerrière et agressive.
Je passe sur le fait que la Révolution exalte la guerre de course, "la guerre populaire et patriote", l'obsession dela république romaine et au 19e, sur la transformation du personnage de Jeanne d'Arc...
Cela a laissé tellement de traces, qu'aujourd'hui bien des catholiques parlent de ces choses en en ayant, soit pour les dénoncer soit pour les exalter, une vision héritée en fait de la Troisième République !
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Écrit par : E Levavasseur / | 09/09/2013
Supra-nationalisme appliqué:
> http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/09/24/01016-20130924ARTFIG00670-roumains-et-bulgares-pourront-venir-travailler-librement-des-le-1erjanvier-2014.php
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Écrit par : Pierre Huet / | 04/12/2013
@ Levavasseur
> Sieyès n'était pas le premier - ni le dernier - à écrire sur le thème d'une aristocratie qui tirerait ses origines et ses privilèges du peuple franc. L'un des meilleurs historiens français du XIXe siècle, François Guizot, brodait encore sur le même thème, et le génocide des Tutsis en 1994 n'est pas compréhensible sans la transposition de ce clivage à la société rwandaise.
La lutte des classes est elle-même une adaptation de la lutte des deux races, la gauloise et la germanique, que dépeignait Guizot dans ses cours sur l'histoire de l'Europe au Collège de France.
Après coup, l'idée que la noblesse française aurait des origines franques, et que ses privilèges reposent sur le droit de conquête, nous paraît absurde. Mais nous avons pu bénéficier, entretemps, des progrès de la science historique.
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Écrit par : Blaise | 05/12/2013
@ Blaise
> C'est sans limitation !
la famille Marcellus se disait descendante d'un noble romain, encore dans les années 50, des zigotos parlaient des origines davidiques des Capétiens et il y avait eu aussi au Moyen Age une prétention à dire les Capétiens issus de Philippe de Macédoine
(via Anne de Kiev -qui, soit dit au passage, a introduit le prénom Philippe dans la famille royale de France)
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Écrit par : E Levavasseur / | 05/12/2013
Les commentaires sont fermés.